Depuis les débuts de la liposuccion, les chirurgiens ont eu l’idée de récupérer la graisse prélevée afin de la réinjecter dans d’autres parties du corps. Les débuts de la liposuccion ont cependant été laborieux, laissant de grandes traces sur la zone travaillée. En 1983, le Docteur Illouz invente la liposuccion telle qu’on la connaît à l’heure actuelle, en minimisant les séquelles de la zone donneuse, une grande avancée dans le monde de la chirurgie esthétique. Quelques années plus tard, en 1991, le Docteur Coleman pose les bases du lipofilling en créant la méthode du même nom, qui est actuellement la plus utilisée. A l’heure actuelle, c'est une des chirurgies esthétiques les plus demandées et les plus sûres.
Également appelé lipostructure ou lipomodelage, le lipofilling est une intervention de chirurgie esthétique qui consiste à prélever la graisse du patient dans une zone donneuse afin de la réinjecter dans une zone plus creuse pour redonner du volume. La SOFCPRE nous explique que cette intervention peut être réalisée à des fins esthétiques ou réparatrices pour combler des creux importants (séquelles d’intervention, post-traumatisme)
Pouvant être réalisé sur différentes parties du corps et du visage, il n’existe pas un seul prototype de patient. Néanmoins, le patient idéal est une personne majeure, en bonne santé, et sentant le besoin d’améliorer de donner du volume à certaines parties de son corps nous confirme le Dr Behzad Badie-Modiri.
Le Dr Nicolas Robert nous résume les différentes applications possibles de la lipostructure. Comme nous l’avons dit précédemment, il est possible d’appliquer cette technique à différentes parties du visage et du corps, et on peut la diviser en différentes catégories : esthétique, intime et réparatrice.
Augmentation mammaire : Il est possible d’augmenter le volume de la poitrine en réalisant un lipofilling mammaire. Néanmoins, la patiente doit garder en tête que le volume obtenu lors de la lipostructure mammaire ne pourra pas être conséquent (1 demi taille voire 1 taille de gagnée maximum). Si vous désirez une augmentation importante du volume de votre poitrine, il est conseillé d’avoir recours à des implants mammaires. Certains chirurgiens réalisent également des augmentations mammaires composites, c’est à dire en combinant prothèses mammaires et lipostructure pour un résultat encore plus naturel. Néanmoins, la SOFCPRE met en garde contre cette technique pour laquelle nous n’avons pas encore suffisamment de recul. Il n’est pas conseillé de réaliser un lipofilling mammaire chez les femmes ayant un risque élevé de cancer du sein.
Selon l'article Breast augmentation with autologous fat injection, si le volume de la graisse transplantée dans la poitrine est inférieur à 150 ml de chaque côté, le résultat de l'augmentation est moins évident. Par conséquent, le transfert de graisse autologue pour l'augmentation mammaire ne convient pas aux femmes minces qui n'ont pas une réserve de graisse suffisante.
Lipofilling des fesses : Dans le cadre d’une intervention au niveau des fesses, on parle de Brazilian Butt Lift. Le Dr Laurent Benadiba nous explique que la lipostructure des fesses (dans le cadre d’une chirurgie au niveau de la silhouette on peut employer le terme lipomodelage), vise à modifier le galbe du fessier pour offrir une courbure plus harmonieuse. En fonction du fessier du patient, le chirurgien va prélever une quantité plus ou moins importante de graisse (liposuccion) et la réinjecter de manière harmonieuse,
au niveau des creux notamment latéraux-féssiers. Lorsque les fesses sont très plates, une chirurgie composite (prothèse glutéale + lipofiling des fesses) peut être indiquée.
Mollets : Au niveau des mollets, il est également possible de réaliser une lipostructure pour en augmenter leur taille et rendre ainsi les jambes plus harmonieuses et plus voluptueuses. C'est une intervention qui peut être indiqué chez les hommes et les femmes.
Visage : Sur le visage on parle de micro lipofilling, comme nous l’indique le Dr Arnold Tchakerian, car les canules utilisées sont beaucoup plus petites que sur le reste du corps. Ici, la graisse doit être centrifugée avant d'être réinjectée. La lipostructure est en général utilisée dans le cadre d’un rajeunissement chez les patients qui avec les années ont perdu du volume. Cette intervention peut traiter la zone des tempes, des sourcil, des cernes, des pommettes, du menton , des plis d’amertumes, et des joues. Il peut également se réaliser en complément d’un lifting pour un effet plus rajeuni.
Augmentation des lèvres : Il est également possible d’effectuer une augmentation des lèvres par lipostructure. Il s’agit d’une option utilisée par les personnes qui souhaitent obtenir une augmentation du volume des lèvres plus permanente qu’avec l’utilisation d’acide hyaluronique. Cette opération permet un résultat naturel et harmonieux. C’est une option utilisée par les patients de tout âge ; chez les plus jeunes pour une simple augmentation du volume, chez les plus âgés pour combler les lèvres qui ont tendance à diminuer avec les années.
Rajeunissement des mains : La lipostructure permet également d'ajouter plus de volume à la face dorsale des mains afin de combler les creux entre les tendons et les veines pour obtenir des mains plus jeunes et un résultat naturel nous explique le Dr Behzad Badie-Modiri.
Lipofilling de la vulve : Le but est d’augmenter le volume des grandes lèvres, qui avec le temps ont tendance à se vider, afin de leur redonner un aspect plus jeunes, comme le souligne le les médecins du Centre Facialis. Il ne s’agit pas seulement de rajeunir la zone intime féminine, parfois l’augmentation du volume des grandes lèvres s’effectue pour balancer la taille des petites lèvres qui peuvent être trop grandes, et éviter ainsi une nymphoplastie.
Vaginoplastie par lipostructure : Cette intervention permet de resserrer les parois du vagin chez la femme souffrant d’un léger relâchement musculaire. Le Dr Julien Luini nous explique que la graisse est injectée sur les parois latérales de la muqueuse vaginale.
Lipofilling du point G : Cette intervention, comme nous le rapporte le Dr Christophe Desouches, peut être réalisée chez la femme ayant une insuffisance de plaisir vaginal. Cela peuvent être des femmes n’ayant jamais connu un orgasme vaginal, ou des femmes souhaitant amplifier leur plaisir sexuel. Le chirurgien va pour cela augmenter le point G avec la graisse autologue de la patiente afin d’en augmenter son relief pour qu’il soit plus stimulé lors de la pénétration.
Pénoplastie d’élargissement : Les hommes peuvent également avoir recours à cette chirurgie intime, en augmentant le volume de leur pénis (pénoplastie d’élargissement). Cette chirurgie permet d’élargir la taille du pénis durablement, que cela soit au repos comme en érection comme nous l’a commenté le Dr Marc Abecassis.
Reconstruction mammaire : cette chirurgie peut être utilisé pour reconstruire un sein après un cancer, seulement si une ablation totale du tissus mammaire a été effectuée, comme nous l’indique la SOFCPRE. La raison étant que nous n’avons pas assez de recul à l’heure actuelle concernant les effets de la lipostructure sur le cancer du sein. Le Dr Éric Bonafos nous explique que cette intervention est utilisée dans le cadre d’une amélioration de reconstruction du sein (pour faire des retouches), pour corriger les séquelles du traitement des seins, et plus rarement pour reconstruire la totalité du sein.
Malformations du sein : Dans le cadre de seins tubéreux, du syndrome de Poland ou encore d’une asymétrie mammaire, la lipostructure peut aider à recréer ou à améliorer un sein pour le rendre plus esthétique.
Comblement suite à un traumatisme : Les personnes ayant souffert d’un accident ou d’un traumatisme ayant causé un creux peuvent faire appel à la lipostructure pour redonner du volume aux parties plates.
Correction des fontes graisseuses chez les patients atteints de HIV+ : Les personnes atteintes de VIH peuvent avoir recours au lipofilling pour corriger les parties du corps atteintes de fontes graisseuses.
Correction des cicatrice : Il est également possible de corriger certaines cicatrices qui ont un impact sur les volumes en réalisant une lipostructure.
On compte plusieurs avantages et inconvénients :
Avantages : Puisqu’il s’agit d’un transfert de graisse autologue, aucun corps étranger va être implémenté, ce qui limite les risques de rejet. Lors d’une augmentation des seins ou des fesses, contrairement aux prothèses, le toucher est plus naturel et doux. De plus la lipostructure étant précédé d’une liposuccion, cette technique permet d’améliorer deux zones du corps en même temps.
Inconvénients : cette intervention ne peut pas être réalisé chez les personnes trop minces ne possédant pas de zone donneuse. La greffe de graisse va se réabsorber durant les premiers mois, jusqu’à 30%, ce qui entraîne souvent le besoin de réaliser une retouche pour améliorer les résultats. Les volumes obtenus ne seront jamais aussi importants que lors d’une pose de prothèses.
Pour réaliser une lipostructure, vous devrez faire appel à un chirurgien qualifié et agréé, spécialiste en chirurgie plastique, esthétique et reconstructrice. Pour cela, vous pouvez tout d’abord vérifier que votre chirurgien soit bien un professionnel compétent en faisant vos recherches sur le site du Conseil National des Médecins.
Dans un second temps, il est important que vous recherchiez des preuves de la qualité de son travail. Vous pouvez notamment lire des avis, visualiser des photos d’avant / après et contacter des anciens patients sur les forums.
Enfin, nous vous conseillons de consulter plusieurs chirurgiens avant de prendre une décision finale, afin de savoir quel est celui qui vous met le plus en confiance, qui vous convient le mieux.
Lors de la première consultation, votre chirurgien écoutera vos motivations et vous expliquera tous les détails concernant votre chirurgie : procédé, durée, anesthésie, hospitalisation etc… et il établira également un devis complet.
Il profitera de cet entretien pour réaliser un historique médical vous concernant, il vous examinera et prendra des photos.
Profitez de cette première consultation pour poser toute vos questions à votre chirurgien, faites-lui part de vos doutes, de vos inquiétudes et de vos attentes réelles. Il est important que vous soyez honnête concernant vos attentes, afin qu’il puisse vous expliquer quels sont les résultats possibles. Il pourra également vous montrer des avant / après d’anciens patients pour vous aider à visualiser le type de résultat auquel vous pourrez prétendre.
Si vous décidez de poursuivre et vous soumettre à une intervention, il est probable que votre chirurgien vous convoque à un deuxième entretien afin d’éclaircir vos doutes et d’approfondir sur le sujet. Le Dr Thierry Lemaire nous commente que dans le cadre d’une chirurgie esthétique il faudra attendre un délai légal et obligatoire de 15 jours avant de pouvoir vous soumettre à un lipofilling, ce qui n’est pas le cas pour une intervention à caractère réparateur.
Il est important que vous arrêtiez de fumer au moins 1 mois avant votre intervention et 1 mois après afin de ne pas compromettre vos résultats. La cigarette empêche une correcte cicatrisation et peut également avoir des répercussions sur la prise de greffe graisseuse comme nous l’explique le Dr Paul Seknadje.
10 jours avant l’intervention, vous devrez arrêter la prise de médicaments type aspirine, et dans le cas des femmes sous contraception orale, vous devrez arrêter de prendre la pillule 1 mois avant votre lipostructure.
Minimum 48 heures avant, vous recontrerez l’anesthésiste. La veille et le matin, votre chirurgien vous demandera de prendre une douche bétadinée.
Dans le cadre d’un lipofilling esthétique ou intime, n’oubliez pas de prévoir 2 à 8 jours de congés, car les interventions de ce type n’entrent pas dans le cadre d’une prise en charge par la sécurité sociale ; votre temps de récupération sera donc à vos frais.
Les lipofillings du visage sont généralement réalisés sous anesthésie locale avec sédation, alors que les lipomodelage peuvent être indistinctement réalisés sous anesthésie locale ou générale. C’est à vous d’en discuter avec votre chirurgien et votre anesthésiste, afin de savoir qu’elle est l’option qui vous convient le mieux.
Il s’agit d’une intervention qui se déroule généralement en ambulatoire, mais il se peut que vous ayez besoin d’une nuit d’hospitalisation, sur conseils de votre médecin.
La chirurgie dure entre 30 minutes et 4 heures en fonction de la zone à traiter, et se déroule en 3 phases comme nous l’indique la SOFCPRE :
Prélèvement : le médecin va tout d’abord marquer la zone donneuse et procéder à un prélèvement par liposuccion grâce à des fines canules de 4mm. Le Dr Nicolas Robert conseille de prélever la graisse dans des zones du corps où la graisse n’est pas trop affectée lors d’une variation de poids, de sorte à ce que la greffe de graisse tienne mieux en cas d’amaigrissement. Les patients choisissent en général de prélever la graisse dans des zones qu’ils souhaitent améliorer grâce à la liposuccion.
Purification : la graisse doit tout d’abord être purifiée avant d’être injectée. Le but étant de séparer la graisse du sang et de l’huile, afin d’injecter une graisse pure et de réduire ainsi le taux d’absorption. Pour cela, il existe à l’heure actuelle deux techniques, la méthode de Coleman où la graisse va être centrifugée (3000 tours / minute durant 30 secondes), ainsi que la méthode Puregraft où la graisse va être filtrée (la graisse n’est pas exposée à l’air durant ce procédé contrairement à l’autre méthode). Il existe plusieurs théories sur ces deux techniques, mais de nombreuses études affirment qu’il n’y a pas de différences significatives entre les deux, en ce qui concerne les résultats obtenus, selon ce que nous partage le Dr Éric Bonafos.
Injection : La graisse est ensuite transférée dans de petites seringues, et injectée dans les zones receveuses afin d’augmenter les volumes. L’aiguille mesure moins d’1 mm, ce qui permet de laisser des cicatrices imperceptibles au niveau de la zone receveuse.
Le Dr Thierry Lemaire nous commente que la greffe de graisse va être nourrie par les tissus vivants du corps, des vaisseaux sanguins vont se créer autour de la zone de la greffe de manière progressive afin de nourrir la graisse injectée. La graisse est acceptée est fait partie intégrante de la zone receveuse. Cependant, la graisse qui n’aura pas été vascularisée ne pourra pas survivre et se résorbera.
C’est pour cette raison qu’il n’est pas nécessaire d'injecter de grandes quantités de graisses, car elle ne sera pas en contact avec le tissus voisin et sera donc vouée à disparaître. Pour un résultat optimal, il faut au contraire injecter la graisse en quantité modérée.
Le post-opératoire est plutôt simple, aucun fil n’a été posé donc aucun sera á retiré. Il ne s’agit pas d’une intervention douloureuse, cependant votre médecin vous prescrira des antalgiques pour vous aider à vous récupérer en douceur. Il se peut que vous ayez besoin de porter une gaine ou bien un soutien gorge spécial après votre opération, selon la zone qui aura été traitée. Vos chirurgiens vous remettra toutes les informations nécessaires pour vous aider durant cette période transitoire.
Il est normal que la zone receveuse et donneuse soient gonflées et présentent des ecchymoses (bleus) durant les premiers jours.
Il faudra prévoir un temps d’arrêt de travail d’1 à 7 jours, et une reprise en douceur des activités physiques au bout d’1 mois et demi. Evitez de vous exposer au soleil durant le premier mois suivant votre opération.
Les résultats seront visible à partir du 3ème mois. Pendant cette période de temps, il est possible que la greffe de graisse se réabsorbe jusqu’à 30%. Dans certains cas, il sera nécessaire de réaliser une retouche ou bien une seconde session pour obtenir les résultats attendus, au bout de 6 mois après la première intervention.
Il est important que vous gardiez en tête que la greffe de graisse va se comporter comme le ferait la graisse normale : lors de fluctuations de poids, la graisse va fondre ou bien augmenter, car elle est sensible aux variations pondérales.
Les patients sont généralement satisfaits de leur lipostructure, qu’elle ait été réalisé au niveau du visage, du corps, ou dans le cadre d’une chirurgie intime. Cependant, il est important de préciser que les résultats sont limités et que si vous cherchez à augmenter le volume de votre poitrine ou de vos fesses de manière importante, il se peut que des prothèses soient plus adaptées à votre cas. C’est pour cette raison qu’il faut que vous soyez sincère concernant vos attentes envers votre chirurgien, ainsi celui-ci pour également vous parler avec honnêteté des résultats à espérer.
Toute intervention de chirurgie esthétique possède des risques et des complications possibles. La SOFCPRE nous éclaire sur le sujet :
Parmi les risques possibles, on remarque ceux liés au à l’anesthésie, et ceux liés au geste chirurgical. Concernant ces derniers, ils pourront être moindre si vous faites appel à un chirurgien agréé et compétent.
Risques liées au geste chirurgical : infection, hyper-correction, nécrose cutanée
Imperfections du résultat : hypo-correction, asymétrie et irrégularités.
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