Interview : les soins esthétiques adaptés à chaque âge avec le Dr Catherine de Goursac

Nous sommes tous inquiets face aux signes du temps qui se présentent à nous et auxquels nous ne pouvons échapper. Le Dr Catherine de Goursac, médecin de référence en matière de médecine morphologique et anti-âge et directrice du Centre Esthétique Niel, nous fait l'honneur de répondre à nos questions sur les soins esthétiques adaptés à chaque tranche de la vie et nous prodigue ses précieux conseils, ainsi que son expertise dans ce domaine.

Bonjour Docteur De Goursac. Nous tenions sincèrement à vous remercier de nous accorder de votre précieux temps pour répondre aux questions de Multiesthétique. 

Nous aimerions savoir quels sont les trois traitements que vous préférez réaliser et pourquoi vous les appréciez ?

Le premier, c’est le comblement des cernes car l’aspect fatigué disparaît immédiatement et les patients sont très reconnaissants. Cependant, comme c’est un soin extrêmement minutieux et délicat, j’impose un cahier des charges strict aux patients en post traitement.

Ensuite, je vous dirais la pose de fils tenseurs sur l’ovale du visage. Ce soin, sans éviction sociale, donne un immédiat coup de frais, on retrouve son visage d’avant et les patients adorent ce soin.

Puis, sans hésiter, le traitement de la qualité de la peau. En 60 mn on fait un soin très complet et on combine des soins synergiques : mésolift + radiofréquence microneedlée + peelings légers à l’acide trichloroacétique. Il n’y a pas d’éviction sociale, juste une discrète rougeur pendant quelques heures. 3 séances de ce protocole permettent de retrouver une peau plus ferme et repulpée, ainsi qu’un teint uniforme,

Pouvez-vous nous dire à partir de quel âge vient-on vous consulter à votre cabinet pour des traitements de médecine anti-âge ?

L’âge n’est pas un critère car il y a des personnes jeunes, qui ont déjà des cernes ou une ride du lion qui donne un air sévère. A contrario, vous avez des personnes d’âge mûr qui ont un visage solaire.

En outre, nous faisons un vrai focus sur la qualité de la peau et cela dépend plus de la génétique ou du mode de vie, que de l’âge. Avoir une belle peau qui respire la santé est un atout que l’on peut récupérer. Cela dit, les patients considèrent que les petits signes de vieillissement sont perceptibles à partir de 35 ans en moyenne.

À partir de quel âge la peau commence-t-elle à perdre de son élasticité et de sa tonicité ? Existe-t-il une différence entre les femmes et les hommes quant au vieillissement de la peau ?

On peut dire qu’histologiquement, la peau commence à perdre son élasticité et sa teneur en eau dès 30 ans. Les rides de la patte d’oie et du rebord orbitaire en sont le témoin.

Je rappelle qu’il y a une différence importante entre la peau d’un homme et celle d’une femme : l’épiderme est 10% plus épais chez l’homme, le derme est 15% plus épais, le pH de la peau est inférieur chez l’homme, les sécrétions sébacées et sudoripares sont plus importantes et je ne parle pas de la vascularisation, de la répartition des graisse dans le visage et des os du crâne.

Quel(s) traitement(s) recommandez-vous pour commencer et pour quelle raison ?

Pour commencer à prendre en charge sa peau, qui je le rappelle est un organe vivant et réagit à une bonne hygiène de vie comme la musculature de l’organisme, je commencerais tout simplement par une ordonnance cosmétologique : adapter ses produits à sa peau (fine donc à risque d’être agressée, épaisse donc avec le besoin d’exfoliation, teint terne, avec taches, avec couperose etc.). Dans la même veine, le mésolift (apporter les éléments nutritifs ) ou de petits peelings, sans éviction sociale.

On voit de plus en plus de personnes très jeunes (dans la vingtaine) qui subissent des traitements de médecine anti-âge en prévention de l’apparition des rides. À quoi ce phénomène est-il dû et est-ce vraiment nécessaire d’en faire à un si jeune âge ?

Je pense que la très grande majorité des jeunes à la vingtaine ont une peau qui ne nécessite pas de soin, hormis de ne pas être agressée : vent, soleil, froid. Cependant nous avons quelques patients qui ont des signes dits “de vieillissement précoce”, très jeunes, comme par exemple des rides des pattes d’oie, des cernes, etc. Ceux-là, on peut les accompagner dans une démarche de soin cosmétologique de prime abord puis, si besoin, on peut aller plus loin.

Et puis, il y a ceux que l’on nomme les «dysmorphophobes», c’est-à-dire des patients qui voient des signes de vieillissement là où il n’y en a pas, et là encore, on va les accompagner en cosmétologie et ne surtout pas faire de soin.

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Pourriez-vous nous parler plus en détail du processus de "détérioration” de la peau à chaque âge clé de notre existence ? Ce processus va-t-il se manifester de la même façon chez les femmes et les hommes ?

Bien entendu la peau ne vieillit pas de la même façon chez l’homme et chez la femme.

À 30 ans, chez la femme, les ridules de la patte d’oie et des paupières inférieures sont les premières à apparaître.

À 40 ans, le pourtour oculaire dans son ensemble commence à se relâcher et avoir des volumes qui différent : poches ou creux se dessinent. La ride du lion commence à se percevoir. La peau commence à se déshydrater et à se marquer de petites taches et/ou couperose.

À 50 ans, c’est tout le front qui se marque avec les rides horizontales et celles du lion. Les sillons nasogéniens se creusent et donnent un air fatigué. La vallée des larmes apparaît et donne un air triste. Les plis d’amertume se dessinent. L’ovale n’est plus net.

À 60 ans, les zones froissées se marquent : lèvre supérieure, rides dites accordéons des joues, patte d’oie descendantes. Le cou et les mains se marquent.

L’homme a une peau plus épaisse et la pilosité permet de maintenir mieux la peau. Il existe un décalage de 10 ans au moins. Cependant, comme il se soigne souvent beaucoup moins qu’une femme, à partir de 60 ans, la femme a un visage qui se tient mieux.

Vous avez précédemment détaillé les zones du corps qui sont sujettes à un vieillissement de la peau en fonction des âges clés. Quels sont les traitements ou compléments que vous nous recommandez, Dr De Goursac, pour lutter contre ces marques du temps ?

À 30 ans, chez la femme la cosmétologie sera le premier traitement. Si cela persiste, un mésolift sera nécessaire.

À 40 ans, on va commencer à traiter par Botox la ride du lion, si besoin. La radiofréquence ou les HIFU (ultrasons focalisés ) avec pièce à main spécifique de la zone oculaire permettront de repulper la peau, de diminuer les poches et de régulariser les irrégularités de relief. Un soin combinant mésolift + peeling permettra de redonner de l’éclat à la peau.

À 50 ans, un soin alliant Botox et acide hyaluronique sera de mise afin de redonner un air dynamique et frais. On pourra aussi traiter la qualité de la peau qui se détériore avec une association : radiofréquence microneedlée + mésolift +/- peeling léger. Des fils tenseurs seront posés afin de redéfinir la ligne mandibulaire.

À 60 ans, on va continuer à traiter par Botox et acide hyaluronique et on associera des fils tenseurs pour l’ovale du visage et pour le cou. On traitera encore et encore la qualité de la peau par de la cosmétologie et des soins médicaux.

Nous voudrions aborder la période de la ménopause avec vous, Docteur De Goursac. Cette dernière accélère-t-elle profondément le vieillissement de la peau, ou s’agit-il d’une croyance infondée ?

La perte de la sécrétion d’oestrogène modifie considérablement la peau : elle se déshydrate, elle perd son élasticité en diminuant la synthèse de collagène et d’élastine, la vascularisation est désordonnée. La peau s’affine aussi bien sur le visage et le cou que sur le reste du corps. Cela se visualise très rapidement ; dans l’année de la ménopause, les patientes disent voir un relâchement cutané de l’ensemble du corps. La prise de traitement substitutif, si on est éligible, permettra de limiter la dégradation cutanée, mais ne réparera pas tout.

Quels sont vos conseils, Docteur de Goursac, pour prendre soin de la peau de son visage le plus tôt possible ?

Pour moi, la peau est un organe vivant qui réagit à la prise en charge sérieuse exactement comme les muscles le font à la pratique du sport. Si on applique les cosmétiques bien ciblées, si on fait attention aux intempéries qui agressent la peau, si on fait des soins d’entretien comme des skinboosters, de la radiofréquence, des petits peelings, on préserve sa qualité de peau et son éclat. L’aspect sera le suivant : une belle peau qui renvoie à une bonne santé dans la perception est plus important à traiter que les rides.

👉 : Le Dr Catherine de Goursac nous explique la différence entre mésolift et skinbooster

Que pouvez-vous nous dire concernant les crèmes ou remèdes miracles que l’on peut trouver dans les boutiques de cosmétiques ?

La routine beauté est un geste quotidien qui apporte in situ les principes actifs qui ne pourront pas être apportés par la nutrition seule. Personnellement, je mets 5 crèmes avec des principes actifs ciblés chaque matin et ce, depuis plusieurs années. En revanche, il est essentiel de cibler les besoins de chaque peau : agressée ou pas, déshydratée ou pas, couperose, taches et aspect froissé sont à traiter chaque jour.

Multiesthétique souhaiterait se pencher sur le thème des femmes enceintes, allaitantes ou ayant déjà eu des enfants.

La grossesse, l'allaitement ou le simple fait d’avoir des enfants entraînent-ils un impact sur le vieillissement de la peau ?

Bizarrement la peau peut être sublime ou au contraire catastrophique pendant la grossesse. Parfois il n’y a plus d’acné et parfois le visage est couvert de boutons. Le fait d’être inondé d’hormones lutte contre le vieillissement mais la vascularisation est désordonnée, on se retrouve avec de la couperose et des angiomes stellaires, le grain et le teint peuvent être au top ou pas. Il faut juste savoir qu’enceinte et allaitante, toute molécule passe la peau peut être néfaste pour le bébé. Donc le moins de chimie possible et des cosmétiques ciblées.

Que recommande-t-on aux femmes enceintes pour prendre soin de leur peau de manière générale ?

Je rappelle qu’il faut passer au crible les principes actifs de la cosmétologie lors de la grossesse, passer en douceur des lotions micellaires pour la nettoyer et ne pas l’agresser. Il faut passer une huile ou une crème sur l’abdomen et les seins en pratiquant les pincements jacquet pour prévenir l’apparition de vergetures.

Existe-t-il des soins de médecine morphologique et anti-âge que l’on ne prescrit pas aux femmes enceintes/allaitantes ? Si oui, à partir de quand peuvent-elles songer à les faire ?

Aucun soin apportant de la chimie ne se fait pendant cette période tels que le Botox, l’acide hyaluronique, les peelings, etc. En revanche, les soins mécaniques : radiofréquence, HIFU, épilation laser ou électrique, à distance de l’abdomen et dont on connaît la profondeur exacte d’action est possible.